Roxane D. Argyropoulos, Aristote selon D. Katartzis, The Historical Review/La Revue Historique, 2|2005, 53-65


Υ une époque de crise philosophique, pendant laquelle nous assistons parmi les élites intellectuelles néohelléniques à une vague de polémiques contre l'aristotélisme, opposant les adeptes de la tradition aux modernes, Démètre Katartzis, dans ses projets pour la diffusion des idées des Lumières, veut remettre les doctrines du Stagirite dans leur contexte initial en mettant fin aux changements apportés par les commentaires des Maîtres de Padoue et de leurs élèves grecs. Parmi ses contemporains, il garde un regard différent et, forcément, une position insolite: il est incontestablement du côté du philosophe dont l'autorité bascule en lui demeurant largement tributaire et en lui conférant une dimension nouvelle. Car, en éprouvant le besoin d'écarter les commentaires néoaristotéliciens qui forment l'héritage du XVIIe siècle, Katartzis fait surgir un nouveau modèle de lecture des ouvrages aristotéliciens avec le retour aux sources mêmes. Ainsi, convaincu de l'importance du philosophe grec, il invite le public à redécouvrir Aristote, qui n'a cessé d'être le pôle de stabilité pour le développement de la pensée humaine. C'est précisément dans le cadre du renouvellement de l'interprétation du corpus aristotelicum par le recours aux sources, qu'il faut apprécier les convictions de Katartzis sur le philosophe. Avec lui, émerge une voie différente pour les études aristotéliciennes, qui trouveront leur apogée, plus tard, dans l'œuvre philologique d'Adamantios Coray, helléniste et penseur politique, quand celui-ci entreprendra, durant les premières années de la Révolution de 1821, l'édition critique des œuvres d'éthique et de politique du Stagirite.

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