Le but de l'auteur est de montrer que le mythe littéraire d'Orphée qui, sous des aspects divers, parcourt toute la création poétique de Kostis Palamas, ne sort ni directement ni automatiquement des sources premières, les textes grecs anciens - tout comme Athéna dans son armure sortit de la tête de Zeus - mais qu'il y arrive après un long voyage et à travers des métamorphoses sous la plume de poètes étrangers, pour se transformer finalement en mythe personnel. Elle appuie son analyse sur une étude comparée de trois textes de Palamas (un extrait de La Flûte du Roi, la dernière partie des Douze Paroles du Tzigane et le dernier sonnet des «Patries») avec des textes grecs anciens (Apollodore d'Athènes, Apollonios de Rhodes, les Argonautiques d'Orphée) et des poèmes de Leconte de Lisle, de Théodore de Banville et d'André Chénier. L'auteur conclut sur la remarque que les noyaux constants du mythe personnel de Palamas, à savoir la fusion du panthéisme orphique dans le scientisme de son époque et la foi permanente en l'éternité de la Poésie, sont le résultat d'un processus intertextuel, à travers la réception personnelle de l'ancien mythe orphique par les poètes français.