Eléonora S. Countoura-Galaki Sainte Euphémie dans le contexte des relations entre papes et empereurs byzantins Dans le cadre de ses persécutions, Constantin V a essayé de faire disparaître le culte de sainte Euphémie, en jetant ses reliques à la mer; ce geste du second empereur iconoclaste n'avait pas tant à faire avec la fureur iconoclaste que lui attribuent les sources; il était au contraire un geste purement politique.Sainte Euphémie qui avait abrité dans sa basilique à Chalcédoine le IVe Concile Oecuménique, en 451, symbolisait les canons de ce concile, qui stipulaient l'Orthodoxie oecuménique et la concorde entre les papes et les empereurs byzantins. Antérieurement au VIIIème siècle, trois papes (Gélase, Donus, Serge 1er) qui étaient entrés en conflit avec les empereurs Anastase 1er, Constant II et Justinien II respectivement, avaient dédié dés basiliques en l'honneur de Sainte Euphémie en insinuant de cette façon que les empereurs contre lesquels ils s'étaient heurtés, n'avaient pas respecté les canons de Chalcédoine.Au VIIIème siècle, lorsque la Papauté rejete la souveraineté byzantine et sont posées les bases de l'état pontifical. Sainte Euphémie perd de son importance antérieure et est remplacée, pour ainsi dire, du côté des papes, par Saint Silvestre, qui représente la nouvelle réalité: l'indépendance de l'Occident de la souveraineté byzantine. En brisant, de son côté, le symbolisme pontifical de Sainte Euphémie, Constantin V manifestait son intention de soumettre le clergé supérieur universel à l'institution impériale byzantine.