T. C. Lounghis Diplomatie et Diplomatique; l'exemple de la Jussio Le problème des relations entre Byzance et l'Occident relève de l'extension de la notion des états étrangers au détriment de l'empire oecuménique. Au fur et à mesure que recule la souveraineté byzantine en Occident, la diplomatie devient forcément plus active, ayant à résoudre des problèmes toujours plus compliqués. Ce sont les documents diplomatiques de la haute époque, mentionnés dans les sources littéraires et juridiques qui peuvent constituer des indices des intentions de la diplomatie impériale envers l'Occident. Ainsi la jussio, tout en étant au début un document d'usage intérieur adressé à de hauts fonctionnaires impériaux, devient un document adressé à des potentats étrangers, avant de disparaître vers la fin du VIIIe siècle. La jussio est succédée dans l'usage intérieur de l'empire par les documents σάκρα, ὁρισμός, πρόσταξις. De même, le document keleusis, qu'il ne faut pas confondre avec la jussio, est un document adressé à des groupes sociaux à l'intérieur de l'empire, avant de devenir aussi un document de politique étrangère destiné toujours à des collectivités ethniques. Le grand tournant dans l'histoire de la diplomatie byzantine a lieu au VIIIe siècle, lorsque l'Eglise de Rome fait sécession de l'empire byzantin, lorsque l'Occident entier acquiert son indépendance politique et lorsque les documents jussio et keleusis se confondent pour un instant quant à leurs destinataires et contenu. L'histoire de la diplomatie byzantine envers l'Occident n'est qu'une réadaptation constante par des procédés de ce genre aux réalités nouvelles qui surgissaient à chaque instant. C'est pour cela que la distinction entre les documents diplomatiques n'est pas toujours facile.