Elizabeth A. ZachariadouContribution à l'histoire du Sud-Est de la Mer Egée (firmans inédits de Patmos) L'étude est fondée sur onze firmans turcs des années 1454-1522, provenant des archives du monastère de Patmos, auxquelles sont actuellement incorporées les archives de la commune de l'île. A cette époque, le Dodecanese constituait une région frontalière: d'une part l'empire Ottoman, de l'autre l'état insulaire des Hospitaliers de Rhodes. La guerre, presque sans interruption, se faisait des deux côtés sous forme de course maritime ou de piraterie. Dans cette étude sont examinés les modalités de cette guerre et ses résultats fâcheux pour les populations et aussi l'appui que l'empire Ottoman portait à ses corsaires (le-vend); appui particulièrement important pendant les années 1491-1512, lorsque le fils de Bayazid II, Korkut çelebi, assumait le gouvernement de l'Asie Mineure occidentale. Cette situation dura jusqu'en 1522; la prise de Rhodes par le sultan Suleyman le Magnifique intégra définitivement le Dodecanese à l'empire Ottoman (p. 184-190). Suit (p. 190-192) la liste des plus importantes incursions turques dans le Dodecanese pendant les années 1454-1522. La situation de Patmos était très difficile dès le XIVe siècle: l'île était pauvre; les dépendances du monastère (métochia) étaient perdues ou peu rentables étant donné qu'elles se trouvaient sur territoires conquis par les Turcs ou par les Latins. A ceci on ajoutera les maux causés par les pirates (p. 193-195 et 199-201). On ne peut pas préciser la date à laquelle l'île fut soumise aux Ottomans; en tout cas nous savons que depuis 1453 elle payait au sultan 40 flouris par an. Cette somme est comparée à celles payées par d'autres états tributaires du sultan (Chio, Mytilène, Lemnos etc.). Il ressort que la somme payée par Patmos était très basse; et que pendant la période qui suivit la prise de Constantinople l'année fiscale pour certains tributaires du sultan commençait le 1er août (p. 195-198). Les Ottomans ne semblent pas avoir installé de garnison dans l'île. En plus, ils ont émis plusieurs documents favorisant le monastère et les habitants de Patmos; ils sont tous adressés aux autorités de la ville de Palatia, centre administratif dont relevait Patmos jusqu'en 1522; après cette date l'île a été soumise au kadi de Kôs (p. 198-199, 200, 202, 206). Cette situation en marge de l'empire permettait à Patmos d'être en contact avec ses voisins Latins et d'obtenir leur protection. De leur côté, les moines semblent avoir aidé les Occidentaux surtout en leur communiquant des renseignements concernant les mouvements des Ottomans (p. 201-205). Enfin le monastère semble être devenu un centre important de l'église Orthodoxe: les métropolites d'Asie Mineure, chassés par les Turcs et ceux des îles, interdits par les Latins, pouvaient y trouver refuge (p. 205-206). Suit l'édition des firmans; ils sont fidèlement transcrits, sans corrections philologiques. Les signes de vocalisation et d'orthographe n'ont été reproduits que lorsqu'ils existent sur les documents.