Nous, historiens du XXIe siècle, nous connaissons bien l’archive! Nous nous considérons comme vaccinés contre les illusions romantiques du jeune Michelet qui, descendant aux «catacombes manuscrites, dans cette admirable nécropole des monuments nationaux», croyait apercevoir les morts ressuscités; «Ces papiers ne sont pas des papiers mais des vies d’hommes, de provinces, des peuples», écrivait-il. Bien que le contact avec l’archive constitue toujours une étape, un rite de passage même, dans la construction de notre identité professionnelle, nous n’adhérons pas au fétichisme néo-positiviste et réducteur de ceux qui voudraient opposer à la réflexion théorique ou critique l’archive comme unique dépositaire de vérité et d’authenticité.