Vassiliki N. VlyssidouLes divergences de Génésios et de la Continuation de Théophane à propos du règne de Michel III Les méthodes différentes que Génésios et la Continuation de Théophane ont employées quant à la narration du règne de Michel III, suggèrent que Constantin Porphyrogénène avait commandé deux fois l'exposé des événements de la même époque. En effet, fidèle à son procédé habituel, qui consistait à ternir systématiquement les adversaires politiques de la famille de Basile Ier, l'auteur de la Continuation de Théophane nous offre l'image lugubre d'un empire prêt à s'écrouler à cause de la conduite impropre de son empereur et de ses administrateurs. Par contre, Génésios semble considérer que, pendant les quatorze premières années du règne de Michel III, l'empire était efficacement géré; ses jugements à propos de la vie et le comportement du jeune emprereur sont plutôt modérés et, loin de condamner en bloc son règne, il tend à imputer le césar Bardas de tous les malheurs subis par l'empire. La difficulté qu'éprouve Génésios à justifier l'assassinat de Michel III découle ainsi de sa tendance à insinuer que la raison du mal résidait dans la façon d'agir et les ambitions illimitées du césar et non pas à celles du dernier représentant de la dynastie d'Amorium. La méthode de Génésios qui consiste à attribuer à une seule personne tout le mal dut être jugée inopérante, sinon suspecte, par l'entourage de Constantin Porphyrogénète, parce qu'elle renvoyait implicitement aux intentions de Basile Ier envers Michel III. Ainsi, la dimension semi-épique dont Génésios investit le règne de Michel III fut, semble-t-il, rejetée par le représentant de la dynastie macédonienne et la narration fut confiée à ceux qui compilèrent le texte de la Continuation de Théophane.