Μαρία ΝΥΣΤΑΖΟΠΟΥΛΟΥ-ΠΕΛΕΚΙΔΟΥ, Τὰ Ρουμανικὰ ἔγγραφα τοῦ Ἀρχείου τῆς ἐν Πάτμῳ Μονῆς, Βυζαντινά Σύμμεικτα, 2|1970, 255-327


  Marie Nystaopoulou-Pélékidis et  I.-R. MirceaLes actes roumains des archives du couvent de Patmos Les archives du couvent de Patmos renferment trente-six documents roumains, inconnus et inédits dans leur ensemble. Ces documents, conservés - à deux exception près - en original, datent des années 1584 à 1820 et sont écrits, les plus anciens en slavon et tous les autres en roumain, sauf deux rédigés en grec. Ils ont tous trait à la même question l'assistance que les Principautés Roumaines ont offerte au couvent de St.  Jean à Patmos et à son école.Une introduction détaillée (pp. 255-266) traite des conditions historiques, sous lesquelles ces actes ont été émis, ainsi que des renseignements qu'ils fournissent et de l'intérêt qu'ils présentent pour la politique des princes moldaves et valaques à l'égard de ce centre monastique.Le dossier roumain de Patmos se divise en deux groupes de documents, bien distincts l'un de l'autre.Le premier comporte 22 actes princiers (dont 17 de Moldavie et 5 de Valachie), qualifiés en général de chrysobulles, selon le terme byzantin, et émis par les voévodes roumains entre les années 1584-1820; ils couvrent donc une période de deux siècles et demi (voir pp. 276 -308, documents nos 1-22; cf. tabl. I, p. 321).Les 22 documents de Patmos ne sont pas les seuls que les princes roumains aient émis en faveur de ce couvent. Une première recherche a permis de signaler dix documents similaires, qui se trouvent dans d'autres fonds ou sont actuellement perdus (cf. pp. 257-259). Des recherches spéciales dans les archives roumaines enrichiront probablement cette liste.Tous les documents princiers sont des actes de donation, par lesquels les princes de Moldavie et de Valachie octroyaient et renouvelaient une subvention en faveur du couvent de Patmos, contenant le versement annuel d'une somme déterminée, versée régulièrement chaque année, à date fixe (le 8 septembre en Moldavie, au mois de mars en Valachie). Ces actes de donation, nombreux et réitérés, nous permettent de soutenir que l'aide des princes roumains n'était pas accidentelle, fournie à l'occasion d'un événement précis ou bien pour couvrir à un moment donné les besoins économiques et les obligations fiscales du couvent; au contraire elle constituait une sorte de subvention régulière que les autorités des Pays Roumains versaient chaque année et que chaque prince, dès son avènement, ne manquait pas de renouveler. Cette politique suivie et constante des princes moldaves et valaques en faveur du couvent de Patmos mérite d'être particulièrement soulignée.Le second groupe comporte 14 documents (les nos 23-36, voir pp. 308-320 ; cf. tabl. II, p. 322), qui se rapportent tous (à une exception près, le n° 23, qui est un acte privé de donation) à une seule et même question: la quête effectuée en Moldavie et en Valachie par l'higoumène du couvent de Patmos Jacob en 1815-1816, à savoir à une période extrêmement critique pour le couvent et son école. Ce groupe de documents est très instructif: conservé plus ou moins en entier et constituant un ensemble, il permet d'esquisser le procédé même de cette quête.Les deux groupes de documents roumains forment deux aspects de la même question, à savoir celle de l'assistance financière accordée par un pays orthodoxe à un centre monastique orthodoxe se trouvant sous le joug ottoman. Cette aide se présentait en effet soit sous la forme d'une donation pécuniaire de la part des autorités du pays, soit sous celle de l'octroi au couvent intéressé du droit de procéder à une quête effectuée parmi les chrétiens de ce pays, laïcs et ecclésiastiques. Dans Je deuxième cas, il s'agit d'une question de ζητεία.La ζητεία, exercée par l'Église Orthodoxe à l'époque de la domination ottomane, est un phénomène fréquent et important, qui fut rendu nécessaire par les difficultés matérielles de l'époque. En effet, pour répondre aux nécessités vitales et aux lourdes obligations fiscales exigées par la Porte, les patriarcats ainsi que les églises et les couvents régionaux, privés en grande partie de leurs ressources antérieures, ont été obligés de faire appel à l'aide des chrétiens orthodoxes, en particulier aux Pays Danubiens et en Russie.Il est bien connu que les princes de Moldavie et de Valachie faisaient d'importantes donations aux couvents athonites, aux Météores et aux autres lieux saints de l'Orient Hellénique, les patriarcats compris. Le dossier du couvent de Patmos nous fait connaître un autre secteur de leur activité de bienfaisance.L'intérêt que les voévodes de Moldavie et de Valachie ont porté au couvent de Patmos - intérêt qui entre d'ailleurs dans le cadre d'une politique plus générale des Pays Roumains envers les institutions orthodoxes - était suscité par deux facteurs particuliers: d'une part, la réputation et le prestige du monastère et à partir du XVIIIe siècle celles de l'École de Patmos, où affluaient des élèves venus de tous les pays orthodoxes; d'autre part, l'oppression et les exigences fiscales des ottomans, ainsi que les menaces provoquées par les graves événements politiques qui bouleversaient la région.Les voévodes roumains ont aidé ce centre monastique et culturel à surmonter ces difficultés grâce à leur aide presque ininterrompue, qui a duré jusqu'à la veille de la Guerre de l'Indépendance Grecque.Suit un bref exposé sur la diplomatique roumaine: langue, écriture, forme extérieure et disposition des documents (pp. 266-275).Après cette introduction viennent des régestes détaillés des 36 documents (description diplomatique, analyse, commentaire, pp. 276-320), accompagnée de listes et illustrée de photographies des plus intéressants et des plus caractéristiques d'entre eux (planches 2-20).

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