L’étude s’inscrit dans la suite des travaux précédents qui ont abordé la question des rapports entre l’œuvre de Rhigas L’école des amants délicats, publiée en 1790, et l’original français que notre auteur traduit ou plutôt adapte, c’est-à-dire Les Contemporaines de Rétif de la Bretonne, dont la première série a été publiée en 1780. Le but de ce travail est de répondre à un nombre limité d’interrogations complémentaires concernant cette même recherche.Situer Les Contemporaines dans le contexte de la nouvelle française, permet d’apercevoir l’évolution du genre ; cette dernière se reflète de manière significative même dans le livre de Rhigas. Situer Les Contemporaines dans la vie et la créativité de leur auteur, permet de saisir mieux les liens inhérents au choix opéré par Rhigas. Enfin situer Rétif dans le cadre de l’écriture libertine du 18ème siècle, permet de mesurer les distances entre lui et les grands auteurs libertins, comme aussi les distances que Rhigas met entre son écriture et l’original.Si la première partie de l’étude propose une approche contemporaine de l’auteur et de son travail, la deuxième partie tourne le regard vers les choix de Rhigas. Rétif adore et décrit les femmes de la ville de Paris, dans la décennie qui précède la composition ; comment Rhigas arrive-t-il à nous donner un recueil où nous apercevons tout d’abord le jeune homme en tant qu’héros central ? Quelles opérations conduisent à un tel glissement ? Que révèle le titre? Pourquoi les ‘amants délicats’ ? Ces questions tentent de mettre au clair l’œuvre de l’adaptation. Suivant librement son modèle, pour le mettre décidément de côté parfois, Rhigas semble respecter les attitudes de la société grecque pour ce qui est de l’amour et du mariage, tout en essayant d’y apporter quelques améliorations légères mais d’une influence capitale : malgré la différence de classe sociale les héros des nouvelles de Rhigas réussissent (dans la plupart des cas) à atteindre le but, celui d’un mariage heureux. Placée dans le contexte des Lumières grecques cette littérature annonce une ère d’optimisme, celle qui précède l’époque romantique.VASSILIKI KONTOGIANNI